"La Calanque de l'aviateur", Annabelle Combes, Editions Héloïse d'Ormesson

"Dans le cliquetis de la pluie et des voix qui crépitent, ce nouvel espace innerve ses fibres, irrigue le coeur, porte ses envies de sens aux avant-postes. [...] Elle sent ses bibliothèques palpiter, leurs étagères débordantes. [...] La danse de leurs tracés qui répond aux mots d'enfance, dessins des appréhensions, domination des peurs, contournement des sentiments, de leur brutalité."

Des saccades de mots, intériorité décuplée, on imagine une silhouette silencieuse, qui ne regarde que cette maison où elle va s'installer, attaquée par les bourrasques de la mer. Une âme qui s'est recroquevillée depuis l'enfance et qui cherche une nouvelle place dans un coin hors du monde.

C'est l'histoire touchante d'une renaissance, d'une réparation dans les douleurs les plus intérieures des relations humaines. Leena, à travers son projet d'édifier une bibliothèque dans ce petit patelin, souhaite transmettre ce qui l'a raccroché à la vie: la Littérature. La reconstruction physique, pièce par pièce, est mimétique de la reconstruction d'un espace mental délabré.

La plume d'Annabelle Combes est élégante et l'amour des mots transpire entre les pages. La beauté simple de cette histoire émeut. Des miracles éclosent dans ce microcosme.

Je me suis identifiée à Leena, non pour son histoire de vie, mais plutôt pour son rapport aux mots, si pur et solitaire.

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"Dire calanque ou cabanon, dire endroit du silence, du face à soi, en soi avec les autres, dire tous ces personnages qu'elle côtoie, ces lignes, dire les vagues qui s'affaissent, s'écrasent et repartent. Les dire dans le sable. Les dire en mouvement."

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"Se regarder en vérité, se savoir misérable et fort de sa petitesse, pouvoir décoller parce qu'on est léger, ouvert à l'imprévu, capable de se laisser modeler."

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"C'est pour cela que la littérature existe, qu'elle déroule des kilomètres de phrases depuis les commencements. Pour que chacun trouve la sienne, s'en empare et combatte avec."