"Le soldat et le gramophone", Saša Stanišić, 2008

Aleksandar est un enfant rêveur amoureux de sa liberté.

Naïf et grave, il déroule tel le Petit Poucet ses images, absorbante histoire à hauteur d'enfant jusqu'à l'adulte, ce livre projette son écriture dans une mise en abîme teintée d'humour, accrocheuse.

Aleksandar est magicien, Aleksandar deviendra écrivain, portant les visages de vie de sa famille et de son pays disparu, la Yougoslavie.

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"Dans un pays lointain, l'eau est solide. On peut la lancer comme une pierre. Si tu tiens cette pierre dans ta main assez longtemps, elle se transforme en eau, douce, froide. Avant de mourir, je voudrais boire une fois une telle pierre. Apporte-la-moi, mon soleil. Et depuis ce jour-là, le jeune nomade erre de par le monde dans sa Ferrari et cherche le moyen d'apporter l'eau solide à son grand-père dans son désert. Voici ton histoire, de l'époque où chacun pensait que chaque chose était comme elle devait être."

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"Je dessine dix soldats sans armes.

Je dessine le visage de maman, souriant, gai, insouciant. Si j'étais magicien du possible et de l'impossible, les images pourraient parler pendant que nous les dessinons. Si j'étais magicien du possible et de l'impossible, les maisons pourraient tenir leurs promesses. Et elles devraient promettre de ne pas perdre leur toit et ne de pas être la proie des flammes. Si j'étais magicien du possible et de l'impossible, les impacts de balles seraient des cicatrices qui se refermeraient au fil des années. À propos, quelle musique un immeuble joue-t-il en temps de guerre?"

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"Allô? Allô? Il y a quelqu'un ? Je n'ai aucune idée de qui vous êtes mais moi je suis Aleksandar Krasmanović, étudiant, petit-fils, réfugié, cheveux longs, grandes oreilles, à la recherche de son souvenir. [...] Connaissez-vous Asija? Un jour, j'ai rencontré un soldat fou qui cherchait une certaine Emina. Connaissez-vous une certaine Asija? Je cherche de manière systématique. Mon système : l'amplification de ma propre histoire et des listes sans fin."