"Empire of Light", Sam Mendes (2023)

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La bande-annonce du film :

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« Empire of Light » est un film réalisé par Sam Mendes avec pour acteur.ices principaux et principales Olivia Colman (Hilary), Michael Ward (Stephen), Tom Brooke.

Il raconte l’histoire d’un cinéma dans une ville balnéaire en Angleterre, d’une communauté et enfin d’une histoire d’amour passionnée et transitoire.

Une femme d’une quarantaine d’années, Hilary, sortie depuis quelques mois de l’hôpital pour guérir de sa dépression, rencontre un jeune homme, Stephen, tout juste embauché dans le cinéma dans lequel elle est responsable d’équipe depuis plusieurs années. Cette rencontre inattendue se transforme en une relation passionnelle où l’univers cinématographique de Sam Mendes se déploie avec une merveilleuse singularité.

Esthétiquement parlant, chaque plan du film est à couper le souffle : le cinéma se situe au bord de la mer, un lieu propice aux jeux de lumière et à l’accès à des teintes bleutées particulièrement magnifiques. Cette beauté cachée joue avec les espaces du cinéma où se déroule l’histoire : il y a le cinéma qui accueille le public et le cinéma plus intime, l’ancien cinéma abandonné où Hilary se réfugie souvent pour rêver d’une autre vie. Un lieu où elle et Stephen, le nouvel employé, guérissent ensemble en se racontant leur vie, un lieu symbolique de deuil des anciennes blessures et de celles à venir. Un lieu intime où ils confient leur âme et leurs émotions l’un pour l’autre.

Sam Mendes met en avant une histoire d’amour éphémère qui se répercute à travers cette communauté du cinéma, comme une multitude de solidarités et d’écoutes qui font face au danger de la perte de soi et de la perte des autres. L’histoire entre Hilary et Stephen n’est pas vouée à se poursuivre, de par leurs trop grandes différences de vie et de rêves. Pourtant, une solide relation de confiance et de dévouement les unit à travers leur passion pour le cinéma et la musique, jusqu’au bout de leur histoire. Chacun se soutient lorsque chacun rencontre une difficulté existentielle, chacun ayant une différence visible ou invisible qui les met en marge de la société dans laquelle ils vivent. Chacun se voit et c’est grâce à cela qu’Hilary et Stephen arrivent à grandir dans leurs vies respectives.

Nous assistons à une histoire extrêmement réaliste loin des scénarios classiques d’ « ils vécurent heureux », toute aussi forte que passagère et même d’autant plus forte qu’elle n’est pas destinée à durer.

Sam Mendes met aussi en avant une collectivité passionnée par le cinéma et ce que celui-ci peut apporter dans la vie d’une personne : cette passion est notamment incarnée par le formidable personnage du projectionniste. Il se cache constamment dans son bureau du premier étage, qui renferme la magie de l’entrée en scène de l’imaginaire. Des milliers de vies vécues en une heure et demie. Ce personnage tente de transmettre sa passion à Stephen et retisse des liens lorsque l’équipe se disloque, représentant une communauté qui veille les uns sur les autres, qui voit des destins qui se croisent et se détachent.

En outre, à travers son regard et celui d’un autre employé, on voit la prise d’indépendance d’Hilary fasse à son patron qui profite d’elle sans se questionner sur son propre plaisir et ses propres envies relationnelles. Hilary, par la suite, telle une héroïne tragique, témoigne de la vérité devant la femme de son patron et celui-ci, prenant un malin plaisir à parodier Hamlet de Shakespeare et dégommant les carcans de l’époque encore tristement actuels.

Pour conclure, « Empire of Light » est d’une beauté et d’une force à la fois dramatique et humoristique pour tous ces sujets abordés, malgré quelques bémols que nous pouvons aussi relever : le scénario comporte plusieurs longueurs où j’ai personnellement eu du mal à saisir où le réalisateur voulait amener son histoire. Dans plusieurs passages, le film manque de tomber dans certains clichés scénaristiques, par exemple lors d’un moment un peu trop dans le pathos où les personnages ne semblent pas pouvoir se sortir de leurs situations respectives.

Cependant, ces bémols n’enlèvent pas l’envie de continuer de regarder le film et de savoir, malgré le fait que l’on se doute de la finalité de la relation entre Hilary et Stephen, comment les personnages vont avoir la capacité de renverser leur destin.

Je dois dire que j’ai été très agréablement surprise par ce film, m’étant au départ trop fiée au scénario un peu plat aux premiers abords. Je le conseille vivement!

A bientôt,

Juliette