L'Odyssée de Paris (Septembre 2019) ~

Cela faisait des années que je n’avais pas visité Paris. Pourtant, lorsque je me suis lancée dans ce weekend, j’ai eu la sensation que je la connaissais déjà depuis longtemps. Etais-je en train de revivre un souvenir d’un autre temps, d’une autre vie ? « L’eau et les rêves » inscrits sur les péniches, au petit matin, me donnaient peut-être déjà une partie de la réponse...

Les marchés aux fleurs, aux grandes verrières, m’ont entrainé dans un doux monde de couleurs et de créatures végétales. J’entrais dans des maisons où la nature y avait toute sa place. Quelques bougies, un peu de lavande, des sculptures en bois ajoutaient à ce premier univers.

Très ancienne librairie où se cachent les portraits brillants de Virginia Woolf et d’Hemingway, un piano ainsi qu’une machine à écrire, Shakespeare and Company était une des plus belles de Paris dans son genre. D’innombrables livres sur chaque coin d’étagère, des thèmes engagés et le déroulement d’une citation inspirante sur les marches de l’escalier. Le chat de ce lieu littéraire très prisé, Aggie, semblait avoir approuvé ma présence devant son miroir…

Traverser les ponts, traverser des quartiers, traverser de multiples passages qui m’émerveillaient à chaque instant. Je me suis immédiatement sentie chez moi. Le temps s’étirait à mesure que je marchais. Le temps s’étirait et se transformait en siècles. Le soleil dévoilait les bâtiments haussmanniens et les quais de la Seine et il n’y avait rien de plus pour que la magie de Paris s’installe sous mes yeux.

Chaque perspective de Paris me donnait une inspiration nouvelle. J’ai réalisé à ce moment-là à quel point la capitale avait ce je-ne-sais-quoi de poétique, à quel point ce cliché se révélait être vrai. La longue file des bouquinistes, les terrasses des cafés faisaient partie intégrante du décor et du charme de la ville. Les vues dorées de la Seine et les jeunes qui s’installaient le long de la rive ou dans les squares fleuris complétaient cette peinture chaleureuse.

Puisque je suis venue lors des journées du Patrimoine, j’en ai profité pour visiter la superbe Sainte-Chapelle, ayant été construite afin de protéger les reliques de la chrétienté acquises par Saint Louis, roi de France capétien. Je suis restée pendant plusieurs minutes, les yeux écarquillés, tournant sur moi-même, tant la beauté des vitraux et la lumière qui les frappait créaient une fascination indescriptible. Était-ce encore une fois cela, trouver la paix de l’esprit ?

Et puis tout a basculé. Une autre vie a commencé quand la nuit est tombée sur Paris. Les quais se sont noircis de passants, et le brouhaha des conversations se mêlait aux murmures de l’eau. La musique a envahi les pavés blancs et gris, apportant une joie particulière en cette dernière journée d’été. Le reste relève du rêve et de la danse.

Le lendemain, l’automne avait fait une apparition plutôt flagrante, comme si j’avais tourné la page d’un nouveau livre : de la pluie, de la pluie et de la pluie, et les feuilles orangées qui se déposaient déjà sur le sol. Un moment parfait pour aller découvrir les cimetières de Paris, en particulier le cimetière Montmartre. Les mausolées, du plus simple au plus sophistiqué, s’étendaient dans un infini vertigineux. Tant d’âmes reposaient au milieu de ces immenses allées d’arbres. Des oubliées et d’autres connues : Agnès Varda, Marguerite Duras, Charles Baudelaire… Ma propre âme est restée silencieuse. Il n’y avait plus de mots, il n’y avait que la prière.

Paris a été à la fois une redécouverte et une retrouvaille. Une retrouvaille qui en a engendré d’autres, que ce soient des rencontres humaines ou littéraires. Paris a été un souffle nouveau, un doux romantisme, lumineux et paisible. Paris est devenue une nouvelle maison. Il me faudra encore d’autres voyages comme celui-ci pour continuer à apprivoiser la ville. Pour continuer à apprivoiser ce qui me fait vibrer, et pour continuer à créer.

A suivre…