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"Sur les chemins noirs", Denis Imbert (2023)

  • Photo du rédacteur: Juliette Arnaudet
    Juliette Arnaudet
  • 23 avr. 2023
  • 2 min de lecture


La bande-annonce officielle du film :






« Sur les chemins noirs » est un film réalisé par Denis Imbert avec Jean Dujardin.

C’est une adaptation cinématographique du livre autobiographique Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson (2016).



Le film commence par cette ouverture dans l’espace, ce saut dans le vide et dans l’immensité de la nature, du silence et de la solitude. La voix intérieure se déploie, on ne sait pas très bien où est la frontière entre la voix-off et la voix de l’écrivain. Il y a les flash-backs de cette vie à l’opposé qui sont déjà présents, la vie parisienne à cent à l’heure, les soirées arrosées, l’illusion de la célébrité. Et puis il y a cet homme qui marche, Pierre.


Cet homme qui marche a failli mourir, il est tombé sur la terre du bitume après une chute de plusieurs étages alors qu’il était alcoolisé. Après son séjour à l’hôpital, il se fait une promesse un peu loufoque, un peu hors-norme : s'il réussit à remarcher, il va traverser toute la diagonale du vide de la France, à pied.


Il laisse derrière lui un amour déçu et sa famille, qui ne comprend pas très bien pourquoi cette traversée lui tient tant à coeur. Pierre marche, comme les pèlerins de Compostelle, pour redonner un sens personnel à sa vie et à son accident. Prendre un autre chemin après cette réalisation de sa bêtise, de son ego et de la richesse du monde extérieur qu’il ne voyait pas.


Ce nouveau chemin, Pierre le fait non seulement à travers la marche et la solitude, mais aussi à travers l’écriture. La voix que l’on entend au fil de sa marche est donc bien une entrée dans la voix d’un écrivain, Sylvain Tesson, à travers un personnage à la fois similaire et différent de son intériorité, Pierre. Cette prise de recul par rapport au livre même permet, à mon sens, de mieux saisir l’histoire de ce voyageur et du moteur de ses escapades. Sylvain Tesson écrit et voyage à la fois pour se recentrer sur son intériorité, mais il écrit et voyage aussi justement pour l’expérience de la traversée et des réalisations et rencontres qui en découlent.


« Sur les chemins noirs » apporte finalement un engagement et message politique et écologique : une « éloge de la lenteur », pour reprendre les mots de David Le Breton. Il s’agit de ralentir dans un monde devenu hyperconnecté, hyperlocalisé. Il s’agit de se perdre pour laisser place à une rêverie qui guérit l’âme, qui met face à l’essentiel de l’expérience vivante. Il s’agit de se laisser oublier parmi les grandes étendues pour mieux appréhender cet aspect éphémère de sa propre humanité et se recentrer sur de nouveaux élans. Il s’agit de comprendre que l’être humain doit coexister avec les forces qui l’entourent et non se jouer d’elles.


Dans la lignée de l'oeuvre de Robert-Louis Stevenson (Voyage avec un âne dans les Cévennes), ce film rappelle la portée positive de la marche et de la déconnexion sur un chemin individuel, pour une meilleure reconnexion à soi-même et aux autres.


A voir de toute urgence!



A bientôt,



Juliette









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