« Thirst » (Jajda), Svetla Tsotsorkova, Bulgarie (2015).
- Juliette Arnaudet
- 22 déc. 2019
- 2 min de lecture
"Soif", film sélectionné pour le festival du film européen 2019 (ARTE).
C’est un monde où la réalité se déforme par endroit. Elle laisse entrevoir des bouts de vérité et s’amplifie afin de montrer la pudeur des relations entre quelques individus, prisonniers de leur microcosme. Une maison au sommet d’une colline, entourée de draps blancs, abritant tant bien que mal une famille au quotidien simple mais difficile. Puis vient la rencontre avec une seconde famille, provoquée par la recherche d’une soif matérielle.
C’est l’été, la campagne est hostile, désertique et les membres des deux familles tentent de cohabiter. Les tensions sont sourdes, se réalisent au cours de dialogues entrecoupés, de regards durs et méfiants, de défis pour tromper l’ennui. On est perdu dans l’écoulement du temps, le travail évolue de manière infinie et la source ne semble jamais venir.
Ils ne savent plus vraiment où se placer. Certains ont des visions : au café d’un village, au-delà de la vitre, les personnages ont un lien invisible, un parapluie qui les place sous un même destin et qui les fait disparaître. Certains semblent essayer de briser leur routine. Les répétitions font partie de toute la poésie de ce film, répétitions mimétiques d’un conte moderne. Ce sont les enfants qui essayent d’atteindre les fenêtres d’un bâtiment abandonné en pleine nature à l’aide de cailloux, suivi un autre jour par un des pères. Le bruit des éclats semble être une métaphore de la douleur de leurs vies oubliées.
Cependant, de multiples petits détails entourent ce film et permettent de mesurer ce qu’il montre du côté de la vie. Ils deviennent beauté et instant de grâce. Le regard de la jeune fille, déjà vieux, à travers un petit miroir accroché à la tente des sourciers. Une tasse de porcelaine blanche et bleue en équilibre. Une danse improvisée au rythme d’une musique rock, danse de pieds en cadence au milieu des draps et de la lumière de milieu de journée.
La recherche de la soif devient en réalité la recherche de l’amour.
Chacun leur tour, les enfants, les parents tissent maladroitement des liens, essayant de compenser leurs blessures affectives.
Malgré tout, cette découverte de l’amour ne suffit pas à la terre sèche. Le drame final survient, nous laissant bousculés par sa brutalité et les questionnements qu’il engendre sur la fragilité de ces vies isolées.
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