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"Une vie cachée" (A Hidden Life), Terrence Malick (2019)

  • Photo du rédacteur: Juliette Arnaudet
    Juliette Arnaudet
  • 5 janv. 2020
  • 2 min de lecture


Cette « vie cachée » aurait pu ne jamais être racontée. Elle aurait pu rester en paix dans les montagnes, loin de l’ombre, du froid, loin des idéologies cruelles.


Une vie cachée est une vie simple. Un paysan autrichien, Franz Jägerstätter, heureux avec sa femme Fani et ses filles dans le Tyrol, en symbiose avec la nature. La simplicité de la vie, la beauté des champs verts ou dorés, la beauté de l’amour et des étincelles des étreintes.


Tout est calme, mais tout se craquelle progressivement. Le ciel, avec les changements de la terre, ne laisse plus la place à la pureté. Franz voit les hommes se transformer en oppresseurs, en manipulateurs, il voit le feu de la violence danser dans leurs yeux à moitié aveuglés par l’alcool. Il se renferme, ne comprend pas et ne veut pas avoir de liens, part dès qu’une acclamation antisémite se fait entendre.


Franz est surveillé et ses refus continuels se projettent sur le reste de sa famille. Sa femme est rejetée, humiliée. Ses filles sont exclues.


Dès le début pourtant, Franz porte en lui une décision personnelle. Il ne prêtera pas serment à Hitler, il ne prêtera pas le serment terrible de faire le mal, dans une époque en guerre qui ne semble jamais pouvoir se terminer. Il est le seul de son village à devenir objecteur de conscience. Il ne se définit pas, n’a pas la revendication d’être « résistant ».


Il se présente simplement comme un homme qui souhaite respecter, en accord avec sa foi chrétienne, ce qui lui semble être juste au plus profond de son âme, malgré toutes les conséquences qu’impliquent sa position.


Il fait face, stoïquement, au village, aux dirigeants Nazis, aux questionnements. De fragiles instants de réflexion, avant que l’épreuve n’arrive. Car même l’Eglise ne le rassure plus et semble oublier des principes essentiels.


La voix/voie de Franz s’ouvre, son regard est déterminé. Son chemin de martyr commence.


Deux espaces s’entremêlent, contant brillamment la dureté inhumaine que subit le jeune paysan autrichien avec la vie combattive de sa femme, restée au village. Deux voix qui se répondent, dans une sagesse époustouflante. Deux chemins de la non-violence ancrés en deux êtres, contre l’Antéchrist qui a établi son règne sur l’Europe.


On ne voit pas le temps passer. Tout est filmé avec une poésie éblouissante, chaque détail revient à la nature qui guérit tout, qui sublime tout. Les plans de la vallée, de la vie quotidienne et des saisons qui passent sont à couper le souffle, que ce soient les souvenirs des moments heureux ou la vie solitaire de l’épouse.


L’amour et l’espérance en une nouvelle union pour le couple s’imprime aussi le long des fleuves et des plaines.


La lumière recouvre soudainement les sommets les plus escarpés, mimétique de l’élévation de Franz dans le monde au-delà du monde.


La vie éternelle et l’amour, au-delà des souffrances, est le plus beau message porté dans ce film qui laisse sa marque dans le cœur, pour toujours.





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